Mephiston: La Cité de Lumière by Darius Hinks

Auteur:Darius Hinks
La langue: eng
Format: epub, mobi
Publié: 2020-03-25T13:28:39+00:00

CHAPITRE DIX-NEUF

La Serre, Delta d’Abissama, Sabassus

L’Ost Illuminé avançait, titubant, les yeux pleins d’espoir et rivés sur les ténèbres. Gourin affichait un fier sourire, observant ses hommes patauger dans la poussière et la rocaille. Elle prit la parole alors que le démon menait sa troupe de mortels à travers le tunnel, loin sous la montagne, suivi des rangs de space marines au lourd pas métallique.

— Je vous l’avais promis, dit-elle. Je vous avais dit qu’il viendrait.

Elle avait parlé à voix basse, mais eut l’impression d’avoir poussé un hurlement triomphal. Ces dizaines d’années de souffrance et de sacrifices. Ces amis qu’elle avait perdus. Ces serments qu’elle avait prononcés. Tout ce qu’elle avait accompli pour en arriver là. Elle ne regrettait rien. Zadkiel était venu. Elle l’avait appelé et il avait répondu, ainsi que l’avaient prédit les augures. Son monde natal se trouvait peut-être à l’autre bout de la galaxie, son corps balafré pouvait témoigner des épreuves qu’elle avait traversées, mais elle avait réussi.

Gourin et les mortels marchaient après Zadkiel, à distance respectueuse, perçant l’obscurité du regard et s’efforçant de mieux distinguer ses frêles contours. Des luminaires, au plafond, perçaient çà et là la pénombre, mais l’imposante silhouette des guerriers de l’Astartes les obturait la plupart du temps, ne permettant qu’à quelques rapides éclats d’illuminer parfois la figure encapuchonnée en tête du cortège.

Gourin avait abandonné l’idée d’apercevoir Zadkiel, et regardait plutôt l’arrière de sa troupe. La vue lui plut tout autant. Des mois de dévotion avaient déjà fait leur petit effet. Certains soldats étaient encore relativement identiques à ce qu’ils avaient toujours été, à l’exception des badges régimentaires qu’ils avaient arrachés à leur gilet pare-balles, et auraient presque pu se faire encore passer pour de loyaux gardes des Damnés. D’autres, en revanche, avaient commencé à évoluer, et Gourin les dévisageait avec fierté.

La peau d’Aspis avait développé un lustre métallique, et son visage étincelait comme l’acier. La soldate scintillait comme un poisson dans une eau qu’inondait la lumière du soleil, et ses yeux étaient pareils à deux miroirs, ovoïdes et parfaits. On aurait dit un joyau vivant. Elle était à la fois magnifique et étrange, tout à fait le type de trésor que le colonel Fedorak aurait adoré piétiner dans la boue.

Zoster le Blindé projetait une gerbe d’étincelles à chaque pas, comme un circuit électrique mal relié à la terre. Des arcs d’énergie fouettaient la surface de son gilet pare-balles et s’étendaient jusqu’au canon de sa carabine laser, mais il ne semblait aucunement en souffrir, et une expression béate lui figeait le visage alors que des éclairs de puissance brute lui zébraient le corps.

Syphus, quant à lui, développait une anatomie entièrement nouvelle. Ses épaules s’étaient élargies, et une tête anormalement basse pendait entre elles, comme enfoncée dans son tronc, boursouflée jusqu’à en être méconnaissable. Ses bras, en outre, s’étaient allongés au point que les phalanges de ses doigts raclaient parfois le sol, le forçant à adopter une démarche simiesque. Ce n’était plus qu’une question de temps avant qu’il n’embrasse pleinement la nouvelle forme qu’avait prévue pour lui le Maître du Changement.

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